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LES ŒUVRES EXPOSÉES AU MUSÉE LORS DE LA RÉTROSPECTIVE SONT PRÉCÉDÉES D'UN ASTÉRISQUE (*).

LA FAMILLE

Les origines de Juana Romani

Par Gabriele Romani

Les parents de Juana Romani faisaient partie des populations de travailleurs agricoles qui, au milieu du XIXᵉ siècle, ont émigré du bas Latium vers l’Agro Romano, vaste territoire rural autour de Rome. Anna Maria Manuela Schiavi, dite Marianna, avait dix-sept ans lorsqu’elle quitta Gallinaro pour s’installer à Velletri en 1865, tandis que Giacinto Carlesimo, son futur mari, y vivait déjà depuis son plus jeune âge. Les concessions des terres destinées aux nombreux fermiers agricoles appartenaient notamment aux Romani, famille originaire de la République de Venise qui s’était installée dans l’État pontifical à la fin du XVIIIᵉ siècle. La famille possédait ainsi un grand nombre de propriétés rurales sur le territoire de Velletri dont l’exploitation et la commercialisation des produits qui en résultent avaient favorisé de longue date l’intégration des frères Romani au sein de la classe marchande. Les biens furent cédés à Girolamo Romani, né en 1804, architecte, père de Temistocle, le futur beau-père de Juana Romani.

 

Né en 1836, à Velletri, Temistocle Romani est le cinquième enfant d’une fratrie de treize. Devenu musicien, il jouit d’un environnement familial épris de culture et animé par les amis de son père. Il côtoie des artistes, des écrivains et des poètes liés à l’entourage de son père et de ses grands-oncles, hommes de lettres et antiquaires. À l’instar de ses frères, Temistocle collabore à la gestion du patrimoine familial. Rien ne prédisposait les deux familles – Romani et Carlesimo – à l’opposé de l’échelle sociale, à se côtoyer au-delà des seuls échanges économiques constituant le fondement de leur relation. Le rapprochement des deux familles s’opère dans le climat difficile de l’unification italienne ; Giacinto Carlesimo, père de Juana Romani intègre en effet un groupe politique actif dans le brigandage dont il devient une figure centrale. Cela aura pour conséquence une séparation avec Marianna, son épouse, qui entre au service de la famille Romani pour subvenir aux besoins de son nouveau-né. Les décès successifs de Giacinto Carlesimo, puis de Girolamo Romani, facilitent la fuite vers Paris de Marianna Schiavi et de Temistocle Romani en compagnie de la future Juana Romani, âgée de dix ans. Une nouvelle vie commence ainsi pour le couple qui régularise sa liaison par un mariage civil à Paris le 12 septembre 1878. 

L’Italie : partir et revenir

Partie à l’âge de dix ans, Juana Romani ne revient en Italie que quinze ans plus tard, en 1892, en compagnie de son maître et compagnon Ferdinand Roybet. Ce voyage s’apparente alors à la découverte d’un pays auquel elle demeure attachée affectivement et dont le souvenir est empreint d’une aura artistique idéalisée. Les étapes de son premier séjour s’apparentent à celles des élites européennes pratiquant le Grand Tour, passant par Turin, Milan, Venise, Florence, Rome et enfin, Naples. Un second voyage a lieu en 1895, le couple séjournant alors à Florence. 

 

C’est le voyage de 1901 qui s’avère le plus emblématique : Juana Romani est en effet reçue en grandes pompes, le 21 octobre, par les autorités de Velletri, aux côtés d’éminentes figures intellectuelles et artistiques. Elle fait le déplacement avec Roybet et le photographe Antoine Lumière qui propose à la municipalité de leur céder un cinématographe commercialisé récemment par ses fils. Signe de sa reconnaissance à l’égard de sa ville natale qui voit en elle une digne successeuse de Virginia Vezzi, peintre et épouse de Simon Vouet, la peintre fonde un prix annuel aux élèves méritants de l’école municipale des arts et métiers qui avait pris son nom. Outre sa contribution à des œuvres de bienfaisance, elle envisage de créer un musée où seraient exposés ses propres tableaux ainsi que ceux de son maître Roybet. Le projet ne voit toutefois pas le jour. 

À l’automne 1902, elle se rend une dernière fois à Venise. La maladie psychiatrique se manifeste dès l’année suivante. Toutefois, c’est vers l’Italie qu’elle se tourne pour y recevoir ses premiers soins, en séjournant à San Remo (Ligurie), puis à Andorno (Piémont), dans un établissement hydrothérapeutique, et enfin à Turin, dans une maison de santé dont elle ne sortira que pour être internée à l’asile privé d’Ivry. 

Arbre généalogique de juana romani

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JUANA ROMANI

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